mercredi 18 janvier 2012

CHAPITRE XLVlll

L’ALA dans le Marj Ibn Amir :
 A l’ouest de Sirin, dans le Marj Ibn Amir, Fawzi al-Qawuqji faisait ce qu’il pouvait pour limiter la conquête juive, et lança quelques attaques avortées contre le principal Kibboutz de la région, Mishmar Ha-Emek. Au cours d’un des bombardements de ce kibboutz avec l’unique canon dont il disposait, une frappe directe tua trois enfants. Cette horrible tragédie est le seul acte hostile que mentionnent les livres d’histoire officiels israéliens pour cette région.
Les villages voisins n’ont guerre contribuée aux efforts de l’ALA pour mener à la Ligue arabe de bonnes nouvelles du front. Beaucoup, en fait, avaient signé des pactes de non-agression avec les kibboutzim voisins. Mais quand l’attaque de l’ALA contre Mishmar Ha-Emek déclencha la fureur vengeresse des kibboutzim, Ils incitèrent les soldats à poursuivre le nettoyage ethnique qu’ils avaient entamé dans cette région. En juillet, des membres importants du Mapam  – formation politique située à la gauche du parti dominant d’Israël, le Mappai – se plaignirent à Ben Gourion  de l’expansion des opérations de nettoyage, qui à leur avis n’était « pas nécessaire ». Ben Gourion rappela vite à ces kibboutznik  qu’ils avaient eux-mêmes été fort satisfaits de la première phase au mois d’avril. De fait être un juifs sioniste en 1948 signifiait nécessairement soutenir pleinement la désarabisation de la Palestine. 

Jérusalem :
Jérusalem n’a pas échappé au nettoyage ethnique de la Palestine : comme le dit un livre récent de Salim Tamari, la « Ville éternelle » s’est transformée en « ville fantôme ».
Les soldats juifs ont pilonné, attaqué et occupé les quartiers arabes de l’Ouest en avril 1948.
Les Palestiniens les plus riches  -tel que le firent les juifs d’Europe centrale-  avaient quitté ces terres.
Les autres ont été expulsés de leurs maisons qui, aujourd’hui encore, témoignent du raffinement architectural des quartiers que l’élite palestinienne avait commencé à construire hors des murs de la Vieille Ville à la fin du XIXe siècle.

Acre et Baysan :
Le nettoyage ethnique continua jusqu’à  l’occupation de Saint Jean d’Acre au mois de mai sur la côte, et de Baysan, dans l’Est. Acre était au bord de l’asphyxie par les réfugiés en provenance de sa voisine Haïfa et des villages du nord de la Palestine.  Malgré le surpeuplement la ville résistait au pilonnage ininterrompu et quotidien des forces juives ne réussissaient à entrer dans la ville.   Son talon d’ « Achille », son point fragile était l’alimentation en eau la source de Kabri à dix kilomètres au nord approvisionnait la ville par un aqueduc. 
-Pendant le siège, des germes de la typhoïde ont manifestement été injectés dans l’eau.
Des observateurs internationaux y compris des émissaires de la Croix-Rouge dépêchèrent des rapports  à leurs autorités respectives sans ambiguïté quant à l’identité du suspect : la Haganah y avait  une place de choix  et soulignaient qu’une intervention extérieure était la seule admissible.  A l’hôpital de la Croix-Rouge d’Acre au sud Liban, le Général de brigade Beveridge, le colonel Bonnet, le docteur Maclean, des services médicaux britanniques et M Meudon, délégué de la Croix-Rouge en Palestine. Après les entretiens des services médicaux et responsables municipaux la conclusion  apparut comme une évidence : « l’empoisonnement par la typhoïde venait de l’eau ».  Que cet empoisonnement n’était pas du a la surpopulation, ni aux conditions exiguës ou d’hygiène comme l’affirmait la Haganah.  Fait significatif : l’épidémie avait touché  une cinquantaine de soldats britanniques, transférés à l’hôpital de Port-Saïd en Egypte. 
« Rien de tel ne s’est jamais produit en Palestine »,
déclara le général de brigade Beveridge à Meudon. Une fois identifiée l’aqueduc comme source de l’infection, Acre tentait de s’alimenter en eau par des puits artésiens, selon la vieille coutume.
La propagande de la Haganah, comme s’était devenu l’usage, faisait hurler les haut-parleurs : « Rendez-vous ou suicidez-vous. Nous allons vous détruire jusqu’au dernier. »
Affaiblis par l’épidémie de typhoïde et le pilonnage intensif  la ville a fini par céder à l’appel.

L’observateur de l’ONU, signalait dans son rapport  qu’après la chute de la ville, la Haganah s’était livrée à un pillage en règle, y compris des meubles, des vêtements et tirait sur ceux qui tentaient de fuir par la mer.
- Le 27 mai, une tentative semblable pour empoisonner l’alimentation en eau de Gaza a été déjouée. Les Égyptiens ont pris deux juifs, David Horin et David Mizrahi, alors qu’ils essayaient d’injecter les virus de la dysenterie et de la typhoïde  dans les puits de Gaza.
Le général Yadin a rapporté l’incident à Ben Gourion, qui l’a noté dans son journal, sans commentaire. Les deux hommes ont été plus tard exécutés par les Égyptiens. Il n’y a eu aucune protestation des autorités israéliennes.

Tibériade-Safed :
L’opération des forces juives dans l’arrière-pays de Safed devait moins à la rage qu’a une planification efficace et programmée contrairement aux déclarations des officiels israéliens.  Elle commença par le nettoyage ethnique des villages sur la route Tibériade-Safed. Le premier village à disparaître fut Ghuweir. Une fois Tibériade tombé, le mukhtar avait immédiatement compris ce qui allait arriver à son village. Il demanda à Adib Chichakli, le commandant des volontaires de l’ALA, de lui venir en aide, et il lui suggéra de distribuer des armes aux villageois, mais Chichakli refusa. Il n’avait ni suffisamment d’hommes ni armement, les femmes et les enfants commencèrent à fuir vers Rama, sur la route de Saint Jean d’Acre, de l’autre côté des montagnes de Galilée. Le mukhtar recruta cinquante paysans qui, armés de leurs hartooush (vieux fusils de chasse de la Première Guerre mondiale), attendirent l’attaque juive. Le 22 avril, la Haganah  envoya une délégation pour proposer une évacuation collective  des hommes sans combat. Cette fois-ci, cependant, le délégation sortait de l’ordinaire : elle se composait de gens qui avaient eu autrefois des liens d’amitié avec le village.

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